Sobibor - Jean Molla [one-shot]

Editions Folio, 198 p.

- Le livre en quelques mots -

" Je l'ai fait pour qu'on m'arrête ", répond Emma après avoir volé des biscuits dans un supermarché. Que se cache-t-il derrière ses mots, sa maigreur extrême, sa beauté douloureuse ? Quelle est l'origine de son anorexie : l'indifférence de ses parents, le silence, les mensonges savamment entretenus? Emma veut savoir. Emma veut comprendre. La découverte d'un vieux cahier fera bientôt surgir du passé d'épouvantables secrets.

- Mon avis -

Cette lecture m’a laissée pleine de réflexions.

Partant d’un sujet déjà très dur, le génocide juif pendant la Seconde Guerre Mondiale, il y mêle une maladie du monde moderne, l’anorexie chez les jeunes femmes, le tout surmonté d’une complexe histoire de famille.

L’ambiance est assez froide. Du fait de la trame historique cruelle, l’atmosphère est pesante. Les personnages sont très différents les une des autres : on a Emma, l’adolescente anorexique mal dans sa peau ; on a sa grand-mère, un être admirable et admiré mais qui cache de lourds secrets ; son grand-père, un personnage que l’on peut considérer comme secondaire au début de l’histoire (mais au début seulement !) ; ses parents, qui nient en bloc toute forme de problème de soucis ; puis des personnages secondaires comme Julien par exemple.

On a un personnage principal très angoissé, avec trop de malheurs sur ses frêles épaules. C’est peut-être pour ça que l’atmosphère du roman est si lourde.

Au niveau du scénario, l’auteur a couplé deux périodes historiques et deux personnages : 1942-Jacques / nos jours-Emma. Ma foi, j’avais quelques appréhensions quant à ce mariage, mais finalement c’est très réussi ! Un rapport de sens s’établit entre l’anorexie d’Emma et la sombre histoire de Jacques …

Au niveau des personnages, j’ai beaucoup aimé la manière dont l’auteur les a différenciés. Leur façon de prendre les « problèmes de la vie » ne sont pas les mêmes : les parents s’enferment dans leur silence et continuent de montrer une apparence parfaite d’eux-mêmes, tandis qu’Emma s’enferme elle aussi, mais pas de la même façon, elle utilise son corps pour montrer son appel au secours. Ces différences font toute l’authenticité du roman.

Enfin j’ai trouvé que l’atmosphère générale du roman varie beaucoup : mystérieuse au début, elle se fait lourde et pesante vers le milieu. Elle passe également par un peu de légèreté et devient électrique à la scène finale. Ces changements d’émotions évoluent en fonction du ressenti de l’héroïne tout au long de cette période dérapante de sa vie.

J’ai cependant un petit coup de gueule envers la toute-fin de ce livre : je trouve la réaction d’Emma trop forte et un peu exagérée par rapport à la découverte qu’elle a faite.

Dans l'ensemble, un très bon livre qui m'a plu mais qui reste très sombre, et que je conseillerais à tous le monde sauf ... Aux dépressifs ^_^'

- Ma note -

15/20